En Suisse romande et alémanique, l’Alliance climatique a créé seize groupes de contact au sein desquels assurées et assurés peuvent discuter, avec leur caisse de pension, d’une stratégie de placement respectueuse du climat. L’argument économique trouve encore plus d’écho auprès des investisseurs institutionnels: si l’Accord de Paris pousse les États à renforcer leur engagement en faveur du climat, certains placements – notamment dans le charbon – perdront soudain beaucoup de valeur. La crainte d’une telle bulle de carbone a convaincu Publica de renoncer à financer cette source d’énergie. Pendant ce temps, dans les banques, presque rien ne bouge. À l’exception notable de la Banque Alternative Suisse, qui a toujours appliqué des critères d’exclusion stricts et n’investit pas dans les énergies fossiles.
En juillet, une cinquantaine de militantes et militants ont bloqué les sièges de Credit Suisse et UBS, à Bâle et Zurich, faisant les gros titres de certains médias. Greenpeace a participé à l’opération. Selon l’un de ses rapports, les deux grandes banques suisses comptent parmi les dix principaux bailleurs de fonds, en Europe, pour des entreprises particulièrement nuisibles au climat. La politique aussi met la pression sur les instituts financiers. La conseillère nationale Verte Adèle Thorens (VD) a déposé une initiative parlementaire demandant à la Banque nationale suisse d’adopter une politique d’investissement respectueuse du climat.
En général, l’idée du désinvestissement rencontre également un écho favorable en Suisse romande. Il existe par exemple un mouvement fort dans le canton de Vaud –
Divest Vaud –, soutenu par
Jacques Dubochet, lauréat il y a deux ans du prix Nobel de chimie. Sans oublier l’appui de l’Église catholique: les diocèses de Lausanne, Genève et Fribourg ont examiné leurs placements et préconisé le désinvestissement, dans un communiqué de juin 2019. En ligne avec l’encyclique écologique «Laudato Si» du pape François, dans laquelle il appelle à un revirement de pensée en faveur de l’environnement. Quelles sont les répercussions des grèves étudiantes en faveur du climat sur le mouvement de désinvestissement? Sandro Leuenberger est persuadé qu’elles l’ont accéléré: certains responsables de caisses de pension lui auraient affirmé qu’il est temps d’agir, en faisant référence aux jeunes pour le climat. Certaines caisses sont en train de revoir leur stratégie d’investissement. Notre interlocuteur se réjouit en outre que l’Association suisse des institutions de prévoyance ait intégré de nouveaux risques climatiques dans ses lignes directrices. Et de conclure: «La grève pour le climat est efficace!»