Sur une grange en bois, le mot «jamais» s’écrit en grosses lettres blanches et l’accusation «expropriateurs» s’est invitée sur les affiches officielles du Département militaire fédéral. Ces images emblématiques ont influencé le vote de 1987 sur l’initiative de Rothenthurm, pionnière du droit de l’environnement. Elle visait à inscrire la protection des derniers sites marécageux en Suisse dans la Constitution fédérale, tout en empêchant la construction d’une place d’armes en plein milieu des marais, près du village de Rothenthurm.
L’initiative populaire a été clairement acceptée, à la surprise quasi générale. L’avocat Martin Pestalozzi ne s’attendait pas à ce que la protection des sites marécageux devienne constitutionnelle. Ce presque septuagénaire lutte depuis plus de quarante ans pour le droit de l’environnement, au nom d’organisations environnementales ou de particuliers. Dans l’affaire de Rothenthurm, M. Pestalozzi a représenté le WWF ainsi que les agricultrices et agriculteurs concerné-e-s.