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«Kunstsupermarkt» s’y tient deux mois par année depuis vingt ans. aSon ambition? Rendre des objets d’art accessibles à tout un chacun en pratiquant une stratégie de grande surface: quatre gammes de prix clairs (99, 199, 399 et 599 francs), un vaste choix d’artistes (120 exposant-e-s), qui proposent plus de 9000 œuvres à voir. «On nous accuse souvent de détruire les codes et de casser le marché avec notre politique de bas prix. À mon avis, nous faisons le contraire: nous l’ouvrons!», lance Peter-Lukas Meier, le fondateur de ce supermarché de l’art. Avec une moyenne de 3000 œuvres vendues lors des dernières éditions, la démarche semble satisfaire une clientèle qui ne fréquente pas forcément les galeries d’art.
De jeunes start-ups explorent un autre modèle: la copropriété. Bien que le principe ne rencontre pas toujours un succès comparable, il consiste à permettre à de multiples propriétaires d’acquérir une œuvre d’art, quel que soit son prix. Basée à Londres depuis 2017,
Feral Horses applique la devise «Rendre l’art à qui il appartient: à toutes et tous» sur sa plateforme qui propose une part d’une œuvre, à partir de cinq livres – ou au minimum 0,01 pour cent de sa valeur marchande – ou, dès 200 livres, de se faire inviter à des événements exclusifs. L’œuvre reste hors d’atteinte, mais la promesse de Feral Horses, «coposséder, investir, gagner une plus-value et même participer aux vernissages», séduit une nouvelle génération d’investisseuses et investisseurs. L’entreprise annonce en effet quelque 4000 utilisatrices et utilisateurs, dont 1200 ont acheté en copropriété l’une des 25 œuvres mises en vente l’année dernière.
Ce modèle facilite-t-il la démocratisation de l’art? Feral Horses admet sur son site certes offrir une visibilité aux artistes émergent-e-s, mais également espérer que la cote de leurs œuvres augmente. Ce qui n’est pas sans fondements, car selon l’indice Artprice,
le prix moyen des œuvres contemporaines vendues aux enchères a doublé depuis 2000. Placer son argent de manière fractionnée: un nouveau beau produit d’investissement plutôt qu’un modèle de démocratisation de l’accès à l’art? Serait-il plus judicieux de laisser entrer le public gratuitement dans les musées – politique qui, soit dit en passant, est pratiquée et à Soleure et à Londres?