«Malheureusement, mes poches sont encore vides», plaisante Martin Hegglin. Il n’est pas devenu riche, car il n’a jamais cessé d’investir. Au moins a-t-il la conviction de suivre la bonne voie, même si elle est plutôt cahoteuse. «Yvonne et moi n’avons pas compté nos efforts. Nous avons atteint plus d’une fois nos limites physiques et psychiques.» A un certain moment, les agriculteurs de la région lui adressaient à peine la parole: ils avaient peur que les mauvaises herbes qui poussaient dans les champs de M. Hegglin après sa conversion à l’agriculture biologique se répandent dans leurs champs. «Heureusement, les choses se sont calmées», soupire l’intéressé. Il a pu démontrer, entre autres, que la croissance du redouté rumex s’autorégule avec le temps. La famille Hegglin fait souvent de très bonnes récoltes. Elle est particulièrement fière de ses magnifiques champs d’épeautre.
Bientôt cinquantenaire, M. Hegglin continuera de cultiver le domaine d’Oberbrämen pendant quelque temps, mais – tout comme son propre père – il a désigné très tôt son successeur parmi ses quatre enfants. Emanuel, son fils de seize ans, devrait reprendre la ferme. Les autres s’intéressent aussi à l’agriculture. «Je crains que nous ne puissions transmettre le domaine qu’à un seul d’entre eux», glisse Martin Hegglin. Il a toutefois la conviction que ses enfants ont appris tant de choses sur la bonne gestion des sols dans la ferme qu’ils sauront se débrouiller partout dans le monde. «De tels spécialistes seront de plus en plus recherchés!» Lui-même a longtemps dû nager à contre-courant, mais depuis quelques années, le compostage, la formation d’humus, l’agriculture favorable au climat ou le charbon végétal sont des sujets très tendance. Sa femme lui sourit et ajoute: «Nous ne léguons pas d’argent à nos enfants, mais d’immenses connaissances sur le compostage.»