Une première étude sur le marché suisse du crédit durable est parue le printemps dernier. Elle aborde l’intégration de facteurs de durabilité dans les décisions d’octroi de crédit et l’utilisation d’instruments de financement spécialisés. Elle vise à donner une image plus transparente des approches de durabilité – en constante évolution – sur le marché suisse du crédit.
La BAS voit la publication de cette étude comme un jalon encourageant vers une plus grande durabilité et une meilleure transparence du secteur financier. Bien que l’investissement durable soit aujourd’hui entré dans le langage courant, il subsiste d’importantes différences quant aux ambitions et à la transparence des offres. Avec leurs opérations de crédit, les banques ont l’impact le plus direct sur l’économie réelle; elles en assument donc une grande responsabilité. Malheureusement, ces activités sont encore largement opaques. C’est ainsi la toute première fois que le rôle de la durabilité dans les pratiques d’octroi de crédits fait l’objet de recherches approfondies.
L’étude couvre un volume de prêts de 956 milliards de francs suisses, soit environ 71 pour cent de l’ensemble du marché du crédit en Suisse. Vingt-cinq banques (dont la BAS) y ont participé. En outre et à l’invitation de SSF, la BAS a également intégré le groupe de travail chargé d’élaborer l’enquête pour les banques participantes. Les résultats de l’étude montrent que la durabilité prend de plus en plus d’importance dans les opérations de crédit en Suisse: 18 des 25 établissements interrogés déploient déjà une stratégie de durabilité pour leurs activités de crédit.
Produits ou modèles d’affaires?
«Toutefois, du point de vue de la BAS, l’intégration de facteurs de durabilité ne touche en général pas encore assez le modèle d’affaires des banques dans leur ensemble, mais se focalise plutôt sur certains produits», regrette Bertrand Donninger, coordinateur des activités de crédit de la BAS, qui a représenté celle-ci dans le groupe de travail occupé à préparer l’enquête. Et de poursuivre: «On parle du modèle d’affaires dans sa globalité seulement si des critères d’exclusion s’appliquent à toute l’activité commerciale et pas seulement à certains produits ou domaines d’activité. L’examen de la part des offres durables dans le volume d’affaires et les revenus d’une banque offre aussi une information intéressante.» Cette perspective est très importante pour mettre en lumière les ambitions des prestataires en matière de durabilité, comme le fait la BAS par exemple dans le cadre de son analyse de durabilité d’entreprises.
L’étude de marché de SSF, quant à elle, se concentre sur l’évolution du marché suisse dans sa globalité. Elle parvient à la conclusion que la durabilité jouera à l’avenir un rôle de plus en plus important, également sur le marché du crédit. De nouveaux instruments sont apparus au fil des années pour le financement d’entreprises, par exemple des crédits avantageux liés à la réalisation d’objectifs de durabilité. Dans sa stratégie de durabilité adoptée début 2024, la BAS aussi s’est engagée à viser encore plus précisément le financement de la transition d’entreprises et de biens immobiliers vers une plus grande durabilité.
L’étude de SSF et de la ZHAW présente, pour la première fois, des données sur la pratique actuelle du marché et la mise en œuvre d’approches de financement durable, sur la base d’une enquête menée auprès d’établissements de crédit. Voilà une précieuse contribution à la transparence pour le secteur financier, qui pourrait inciter à une meilleure durabilité sur le marché du crédit.