L’histoire de Finance Watch est étonnante. En 2010, plusieurs membres du parlement européen ont appelé à la mise en place d’un contre-lobby. Les parlementaires spécialistes de l’économie et de la finance se sont sentis submergé-e-s par l’expertise hégémonique du lobby bancaire, qui visait à empêcher l’adoption de nouvelles lois destinées à contenir le secteur financier après la crise. L’organisation non gouvernementale (ONG) nouvellement créée s’est donné pour objectif d’instaurer un système bancaire solide et efficace. Celui-ci doit fournir du capital à des fins productives, sans générer de profits artificiels ni transférer les risques des crédits à l’ensemble de la société. En outre, Finance Watch ambitionne de façonner les marchés financiers de manière à encourager l’investissement productif dans l’économie réelle, tout en jugulant les formes de spéculation excessives ou nuisibles.
Depuis 2011, Finance Watch soutient le processus législatif à Bruxelles avec une dizaine de postes à plein temps. Le budget annuel de 1,5 million d’euros provient des cotisations des membres, de subventions de l’UE et de dons. Le comité travaille bénévolement. La plupart des employé-e-s sont des pros de la finance, comme la Française Mireille Martini, qui a rejoint l’organisation en 2017. Elle décrit ainsi sa motivation: «J’ai quitté le secteur financier juste avant la crise. Il était difficile d’en accepter la stratégie si l’on voulait agir de façon responsable. Après cela, j’ai donné des cours de financement des entreprises. J’ai alors vécu le choc de l’intérieur, celui qu’a subi l’économie réelle pendant la crise financière de 2008: gel des crédits, guerre des prix, gestion à flux tendu et réductions de personnel. Depuis sa création, l’ONG a contribué à de nombreuses lois financières complexes. Par exemple la MiFID, qui renforce la protection des investisseurs, ou la CRD IV, qui vise à mieux armer les banques contre les crises, au moyen de nouvelles exigences quant aux fonds propres et à une gestion des risques plus stricte.