Christian Hofer a changé ses pratiques de manière radicale il y a cinq ans, lorsqu’il a converti les quelque 60 hectares de son domaine en bio. Il avait déjà réduit l’utilisation de produits phytosanitaires quand est arrivée la polémique autour du glyphosate. «Nous avons acheté du matériel plus performant, associé des cultures, travaillé par semis direct et par grattage pour limiter les interventions profondes dans la structure du sol: partir les quatre dans cette aventure nous a permis de faire le pas plus facilement.» L’agriculture régénératrice accorde au sol une attention particulière. Plusieurs techniques sont utilisées pour améliorer la fertilité de la terre: abandon du labourage, couverture permanente du sol, compostage «en plein air» ou encore utilisation de microorganismes efficaces. Cette approche n’est liée à aucun cahier des charges et peut être pratiquée aussi bien par des agricultrices et agriculteurs biologiques que conventionnel-le-s. «Il n’y a pas de mode d’emploi; il s’agit d’observer des processus et de comprendre les changements qu’amènent de telles méthodes agronomiques.»
Ce qui se passe sous nos pieds reste, à bien des égards, un mystère. Les interactions entre l’humus, l’eau, les champignons et autres bactéries sont encore mal connues. Les membres du GIREB prévoient des protocoles de recherche qui incluent les cultures herbagères, céréalières et viticoles situées sur leurs terroirs distincts, à quatre altitudes et conditions climatiques différentes. Pour ce faire, ils cherchent des soutiens financiers auprès de fondations et autres organes privés et publics. «Nous rêvons d’un modèle durable, diversifié et écologique, mais la situation est plus grande que nous: les changements des températures et du régime des précipitations mettent les milieux – et par ricochet nos pratiques agricoles – sous pression. Sécuriser les systèmes va demander de grands investissements en temps et en argent ainsi qu’en formation. L’effort doit être collectif.»