Le Car postal relie Alvaneu à Davos et à Coire une fois par heure. Pour Marina Venzin, qui chapeaute l’équipe socio-éducative du foyer pour jeunes Nido del Lupo (le Nid du loup, cet isolement a ses avantages. Outre quatre spécialistes en éducation sociale, l’équipe comprend un civiliste, une personne en stage de formation et une autre en stage préparatoire. «Le foyer fait partie du village depuis 17 ans. Les jeunes se réorientent plus facilement dans le calme», explique la directrice.
Érigé en 1930, le bâtiment de quatre étages se trouve dans la rue principale, à côté de l’épicerie. La vue grandiose sur les montagnes de l’autre côté de la vallée compense son aspect massif. C’est là que sept jeunes au maximum suivent des cours le matin, du lundi au jeudi. Après un test d’évaluation, un-e enseignant-e établit un programme personnalisé. Celles et ceux qui manquent les cours doivent réviser la matière. Les après-midis sont consacrées au sport, à un projet personnel ou à la coupe de bois pour le chauffage central. Le vendredi matin, on jongle, on crache du feu et on fait du trapèze, car le Nido – ainsi que Mme Venzin appelle le foyer – monte chaque année un ou deux programmes de cirque. Il y a dix ans, l’équipe et les jeunes ont transformé la grange, puis l’ont équipée d’un tapis de danse, d’une corde raide et d’anneaux de feu. Des représentations sont proposées à la population du village ou lors d’une tournée suisse.
Poutze et artisanat
L’ancienne auberge et pension Simmen, comme sa façade l’indique encore, remplit parfaitement sa fonction première. Le bar d’origine, avec sa lourde table en bois, sert de salle à manger. Le soir, on y regarde un film, on y joue ou on se repose dans le carnotzet. La salle des fêtes du premier étage a été transformée pour l’enseignement avec sept pupitres. Aux deuxième et troisième étages se trouvent les chambres individuelles des jeunes ainsi qu’un local pour la personne qui assure la permanence de nuit. Un atelier moderne a vu le jour dans l’ancienne grange. Les jeunes qui envisagent un apprentissage dans le travail du bois ou la mécatronique automobile peuvent se familiariser avec ces activités. Si leur intérêt persiste, la personne chargée de l’orientation professionnelle leur proposera un stage de découverte dans les environs. Le vendredi après-midi est réservé au nettoyage des chambres individuelles et pièces communes. Les jeunes font leur lessive comme dans une colocation, avec un tournus hebdomadaire pour utiliser la machine à laver.
«Quand nous avons voulu acheter le bâtiment il y a 17 ans, d’autres banques nous ont refusé une hypothèque. Le projet ne cadrait pas avec leurs activités habituelles», se souvient Fabio Botta, directeur du foyer. La BAS, en revanche, s’est montrée ouverte. Elle a examiné le concept de l’association de soutien et accepté de financer l’acquisition. Voilà dix ans, au moment de remplacer le chauffage au mazout par une chaudière à bûches, la BAS a de nouveau été de la partie en augmentant l’hypothèque. Et en 2025, elle contribuera à la rénovation de l’enveloppe du bâtiment et à l’installation de panneaux photovoltaïques sur la toiture.
Paré pour l’avenir
Les jeunes restent entre un et quatre ans au sein de la petite institution grisonne, puis s’en vont en apprentissage, dans une école supérieure, dans leur famille ou dans un logement accompagné. Elles et ils terminent leur scolarité obligatoire au Nido del Lupo et y décident vers quel métier s’orienter. Elles et ils apprennent aussi à se prendre en charge et, surtout, font l’expérience de ce qui leur a souvent manqué auparavant: la proximité, l’empathie et l’estime.