Fort des données fiscales de vingt-sept pays, Thomas Piketty a pu montrer que le volume des héritages a considérablement augmenté depuis les années 1970. C’est également le cas en Suisse, avec une tendance à la hausse. La répartition des héritages et des donations est très déséquilibrée. Le projet du FNS « Inégalité, risques de pauvreté et État providence » (« Ungleichheit, Armutsrisiken und Wohlfahrstaat »), dirigé par l’Université de Berne et la Haute école spécialisée bernoise, fournit des données récentes. Elles permettent de constater que sur le total des héritages et donations couvrant une période de cinq ans dans le canton de Berne, les dix pour cent de personnes ayant reçu les plus gros montants ont obtenu plus des deux tiers du gâteau (68 %). Le pour cent le plus élevé en empoche même plus d’un tiers (36 %), tandis que la moitié inférieure des bénéficiaires doit se contenter de 5 % du total. En outre, ce sont les riches qui reçoivent le plus. Les 10 % les plus fortunés avant héritage et donation touchent plus de la moitié du volume des successions, et le pour cent le plus riche près d’un tiers. Dans la répartition par groupe de revenus, on constate également que les personnes aisées bénéficient des plus gros héritages : les 10 % qui gagnent le plus obtiennent près de la moitié du gâteau successoral (48,1 %), alors que la moitié inférieure s’en partage seulement 15 %.