L’histoire de la BAS a débuté dans les années 1980. Je garde de cette époque le souvenir d’événements comme le dépérissement des forêts, les mouvements contre l’atome et pour la paix; la guerre froide entre l’Est et l’Ouest, avec un mur de Berlin considéré comme indestructible; le spectre du sida (HIV) – la maladie était alors mortelle – et la lutte des femmes pour obtenir davantage de droits, qui a débouché sur la première grève des femmes. Nos fondatrices et fondateurs venaient de milieux politiques et religieux, d’organisations de protection de la nature, de la coopération au développement ainsi que du mouvement féministe. Toutes et tous ont voulu créer une banque différente, qui ne ferait pas affaire avec des potentats et ne contribuerait ni à l’évasion fiscale ni au blanchiment d’argent. Une banque qui s’engagerait pour le bien commun et renoncerait à maximiser les profits. Cette véritable alternative a ouvert ses portes à la fin du mois d’octobre 1990.
Dans les années 1990, la priorité a été de permettre à la BAS d'atteindre une altitude de croisière en tant qu’entreprise. Une démarche couronnée de succès: après trois ans seulement, elle devenait bénéficiaire. Le concept prévoyait initialement d’effectuer le trafic des paiements via la poste. La BAS devait proposer uniquement des comptes d’épargne et des obligations de caisse, mais elle a élargi son offre dès 1997 avec de nouveaux comptes permettant de faire des paiements et, au moyen de la carte EC, la possibilité – parfois controversée, à l’époque – d’utiliser aussi la «monnaie plastique».
Le succès de la BAS s’est confirmé et elle a pu verser un dividende pour la première fois en 2000. Cette phase a vu une forte progression de la Banque et la création de prestations comme l’Hypothèque BAS, avec laquelle des biens immobiliers particulièrement sociaux et écologiques payaient un intérêt préférentiel. Après d’intenses débats pour savoir si les investissements dans des titres respectaient l’éthique de la BAS, celle-ci a conçu son propre service de conseil en placement. Elle a aussi adhéré au réseau bancaire Esprit, évitant ainsi de devoir financer seule les projets informatiques nécessaires et de mettre en place son e-banking. En 2008, la crise financière a fait vaciller le système bancaire et économique mondial, mais le modèle d’affaires de la BAS a bien résisté.
La BAS a entamé les années 2010 avec pour objectif de renforcer sa base de fonds propres. Elle a lancé à cette fin une grande campagne de souscription d’actions, dont le succès ne faiblit pas. Le socle de fonds propres de la Banque est plus stable que jamais. Trois autres événements importants se sont produits vers la fin de la décennie 2010. La BAS a proposé l’ouverture de comptes en ligne, devenant ainsi encore plus accessible. Elle a franchi les frontières nationales et pris des participations dans des banques aux valeurs éthiques proches des siennes, à l’étranger. Enfin, elle a lancé son premier fonds de placement, qui a suscité un grand intérêt grâce à ses critères de durabilité stricts.
Bien des choses ont changé au cours de ces trente années. Ce qui est resté, ce sont les valeurs profondément ancrées dans la BAS depuis sa fondation: une orientation délibérée vers la durabilité sociale et environnementale, le refus de la maximisation des profits et l’objectif de contribuer à un monde où il fait bon vivre. La BAS a ainsi prouvé que des activités bancaires durables sont économiquement rentables. C’est avec fierté que je vois ce que nos collaboratrices et collaborateurs ont réalisé ensemble ces trois dernières décennies. L’exemplarité de la BAS a aujourd’hui un impact qui dépasse largement nos cercles habituels. Elle a posé des jalons importants, que ce soit dans les domaines de l’écologie et de la durabilité, de l’égalité des genres et de la participation, ou plus généralement en ce qui concerne la transparence de la place financière. J’espère que de nombreuses autres banques s’en inspireront.