Soudain, plus de croissants ni de Coca. La clientèle s’est trouvée devant une porte fermée. Au lieu des publicités pour les offres spéciales, on pouvait lire, sur une pancarte: «Spar économise au détriment du personnel et enfreint la loi.» Vingt et une personnes salariées par le détaillant – presque toutes des femmes travaillant à temps partiel – se sont mises en grève en avril 2009 dans le supermarché de la station-service d’autoroute de Heimberg, près de Thoune. Deux jours plus tard, quatre des grévistes ainsi qu’une délégation du syndicat Unia s’asseyaient autour d’une table à la centrale Spar, à Zurich. Dans la nuit, après des heures de négociations, la direction se montrait conciliante. Un accord prévoyait une augmentation de l’effectif et des salaires ainsi que le paiement des heures supplémentaires avec une majoration.
Les femmes de Spar ont ainsi écrit l’histoire. Jamais encore, des employé-e-s du commerce de détail n’avaient fait grève si longtemps. Le conflit social de Heimberg a lancé un signal d’avertissement dans un secteur où les salaires sont traditionnellement bas. Le courage des grévistes a partout forcé l’admiration; même les menaces de licenciements massifs n’ont pas eu raison de leur détermination. Le deuxième jour de l’arrêt de travail, la direction de Spar a envoyé un agent de sécurité aux grévistes pour les contraindre à ouvrir le supermarché. Elles et ils ont réussi à le convaincre de la légitimité de leur action. «Nous avons refusé de nous laisser intimider», a déclaré Kathrin Huber, l’une des employées en lutte.