Quand la créatrice de mode Donna Karan a pris position sur les accusations de viol et de harcèlement à l’encontre du producteur de cinéma Harvey Weinstein, elle a commencé par lui trouver des excuses et a qualifié les femmes concernées de coresponsables. Les médias sociaux ont répondu par un «Fuck you, Donna» unanime. L’entrepreneuse, qui s’est fait un nom avec une mode accessible et élégante pour les femmes actives, s’est vue agonir d’insultes grossières et autres menaces.
La bourse n’a pas tardé à réagir: les actions du groupe G-III Apparel, repreneur de la marque DKNY de Donna Karan en 2016, se sont effondrées. En quelques secondes, les logiciels avaient pris en compte les réactions négatives, puis lancé des ordres de vente à la bourse. Des algorithmes évaluent en permanence ce que l’on appelle un «sentiment», sur la base de manifestations d’humeur dans des médias et réseaux sociaux. Ils aident les analystes et négociant-e-s en bourse à déterminer l’opinion d’un large public sur certains sujets, influant ainsi sur des décisions commerciales.
Les PDG et célébrités qui twittent doivent donc bien réfléchir au fond et à la forme de leurs messages, avant de communiquer des informations sur leur entreprise ou de s’exprimer sur des questions de société. Le sentiment que susciteront leurs propos peut provoquer des fluctuations de cours inattendues. Il a par exemple suffi que Steve Wozniak, cofondateur d’Apple, critique un chouchou de la bourse comme Tesla – fabricant de voitures électriques et de panneaux solaires établi dans la Silicon Valley – pour que des discussions virulentes enflamment la Toile et pour que les actions Tesla dévissent. Cela s’est passé en octobre 2017.