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14.09.2022 par Katrin Wohlwend

De l’importance d’un zéro net durable

Voilà un coup dur, pour ne pas dire tordu: en juillet dernier, le Parlement européen a ouvert la porte à l’intégration du nucléaire et du gaz parmi les énergies respectueuses du climat, dans la taxonomie de l’UE. La Banque Alternative Suisse déplore vivement cette décision et elle s’en tient à sa vision du zéro net durable.


Article de la BAS
Article du thème Adieu à la croissance

L’occasion était belle de faire de grands progrès en matière de placements financiers durables. Avec son ­ambitieuse taxonomie verte, L’UE voulait augmenter la part des investissements dans des projets écologiquement durables et respectueux du climat, en vue d’ac­célérer la transition énergétique et de surmonter la crise climatique. Pour y parvenir, il faut adopter des critères communs à l’échelle mondiale, afin de déterminer quelles activités économiques peuvent se targuer d’être écologiquement durables et respectueuses du climat. On peut donc comparer la taxonomie verte de l’UE à un écolabel, qui aiderait à investir éthiquement de l’argent grâce à la définition d’une norme minimale pour la durabilité écologique des activités économiques. 

Une invitation à laver plus vert 


Le Parlement européen a choisi de ne pas empêcher l’attribution de cet écolabel à l’énergie nucléaire et au gaz. Ce recul a de quoi décevoir et saper la crédibilité de l’UE quant à son engagement à protéger le climat et l’environnement. L’UE a au moins formulé des exigences pour que de telles énergies soient qualifiables de «respectueuses du climat»: en ce qui concerne les centrales nucléaires, leur permis de construire doit être délivré avant 2045 et le pays doit disposer d’un plan et des moyens financiers pour la gestion des déchets nucléaires. Les investissements dans de nouvelles centrales à gaz sont considérés comme durables jusqu’en 2030 si, entre autres conditions, elles remplacent des centrales qui polluent davantage et utilisent du gaz plus respectueux du climat jusqu’en 2035. L’UE appelle ces deux technologies des «énergies de transition nécessaires». 
Malgré tout, la BAS ne comprend pas pourquoi des énergies de transition problématiques bénéficieraient d’un label positif, explicitement vert. Celui-ci incite à banaliser les effets nocifs, voire à pratiquer de l’écoblan­chiment (greenwashing), ce que la taxonomie doit précisément empêcher. Le gaz naturel et l’énergie nucléaire sont deux sources d’énergie dont suffisamment d’études ont démontré les sérieux problèmes; elles compromettent la réalisation de l’objectif zéro net durable. 
«Zéro net durable» signifie, pour la BAS, que les ­objectifs climatiques sont poursuivis avec un maximum de sérieux et d’engagement. Cela sans recourir à des technologies hautement nocives ni négliger des critères de durabilité essentiels comme la protection de l’environnement, la justice sociale ou la responsabilité vis-à-vis des générations futures. L’énergie nucléaire, par exemple, ne respecte pas ce dernier point, car le problème du stockage définitif des déchets radioactifs n’est absolument pas résolu. 

À la BAS, pas de compromis. C’est garanti! 


Même si la taxonomie est un projet qui relève de l’UE, elle vaut aussi pour la Suisse: elle concerne entre autres les fournisseurs de produits financiers et entreprises dans l’espace européen. La taxonomie verte de l’UE visait, à l’origine, à orienter les investissements vers des projets durables, ayant un besoin urgent de financement et de développement en tant que secteurs économiques, afin de surmonter la crise climatique. 
En décernant un label «vert» à l’énergie nucléaire et au gaz, l’UE encourage désormais à soutenir encore plus des secteurs déjà bien établis et financés, ainsi que l’a constaté avec pertinence la Global Alliance for Banking on Values (GABV) dans son communiqué de presse du 14 juillet dernier. Avec 68 autres banques fondées sur des valeurs éthiques, la BAS fait partie de ce réseau mondial, qu’elle a contribué à créer. L’ensemble des membres de la GABV maintiennent leur engagement en faveur d’un zéro net globalement durable en refusant l’écolabel octroyé à l’énergie nucléaire et au gaz.
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