Neonomia a été créée en 2016, à l’arrêt d’un projet d’incubateur porté par la Chambre d’économie sociale et solidaire APRÈS-GE et subventionné par la Ville de Genève, qui voulait tester le statut d’entrepreneur salarié. L’inspiration est venue des sociétés coopératives françaises actives depuis plus de 30 ans et dont le fonctionnement est inscrit dans le Code du travail français. Le principe? Sur le plan juridique, l’entrepreneuse ou l’entrepreneur est lié-e à Neonomia par un contrat de travail. Elle ou il facture ses prestations à travers la coopérative et perçoit un salaire après la déduction des charges sociales, patronales et d’assurances. Un pourcentage de son chiffre d’affaires (entre 7 et 10 pour cent) est retenu pour contribuer aux frais de fonctionnement tels que la gestion comptable, les tâches administratives, le conseil fiduciaire ou la location des espaces de co-working. En bref, à part la facturation, tout est géré par la coopérative.
Cette forme de travail – appelée entrepreneuriat salarié – n’existe pas dans le code des obligations suisse, mais le contrat de travail entre Neonomia et ses employé-e-s respecte la relation désignée dans ce dernier.
Si ce type de fonctionnement peut être vu comme une certaine dégradation du salariat, il est revendiqué par les quelque 25 coopératrices et coopérateurs que compte Neonomia aujourd’hui. Jo-Anne Jones Lütjens, rédactrice, traductrice et productrice d’événements artistiques, considère même ce modèle comme une amélioration claire du statut d’indépendant-e, qu’elle juge précaire: «Je n’avais pas d’assurance perte de gains et aucun deuxième pilier avant de rejoindre Neonomia il y a un peu plus de deux ans. Mes collègues et moi avons même pu bénéficier des RHT lors du premier confinement.»