651
09.06.2022 par Simon Rindlisbacher

Des sels comestibles contre le dérèglement climatique

L’accumulateur de chaleur conçu par Cowa Thermal Solutions triple la capacité des cuves de stockage dans les systèmes de chauffage. À base de sels naturels, il contribue à freiner les changements climatiques.


Article de la BAS
Article du thème Argent numérique
Si vous avez facilement froid aux mains en hiver, peut-être connaissez-vous déjà les chaufferettes, ou chauffe-mains, comme on les appelle aussi. On en trouve de différentes couleurs et formes. Il s’agit souvent d’un sachet en plastique contenant un liquide gélatineux, composé de sels spéciaux, et une plaquette métallique. Quand on plie cette dernière, la substance se solidifie progressivement en dégageant de la chaleur. Placer le sachet dans de l’eau chaude permet aux sels de se liquéfier de nouveau. Le processus stocke l’énergie thermique de l’eau dans le chauffe-mains, dont il suffit de plier encore une fois la plaquette métallique pour se réchauffer les mains. 

L’accumulateur qui fonctionne comme un chauffe-mains

L’accumulateur de chaleur conçu par la jeune entreprise lucernoise Cowa Thermal Solutions fonctionne de la même façon. Il est rempli de capsules de plastique en forme de pilules, chacune d’elles contenant environ cent millilitres de sels. Dans un système de chauffage, la cuve de stockage pleine de capsules et d’eau sert de tampon entre la source de chaleur et le consommateur thermique, par exemple la pompe à chaleur et le chauffage au sol. Quand l’eau chaude circule entre la pompe à chaleur et la cuve, les sels dans les capsules se liquéfient et stockent l’énergie thermique. Si l’on monte la température du chauffage, l’eau chaude se répartit dans la maison et s’y refroidit. «À ce moment, des matériaux spéciaux dans les capsules agissent comme les plaquettes métalliques contenues dans les chauffe-mains», explique Remo Waser, l’un des fondateurs de Cowa. Ils permettent aux sels des capsules de se solidifier et de libérer, sous forme de chaleur, l’énergie qu’ils recèlent. «Les capsules maintiennent alors l’eau du système de chauffage à la température requise pendant approximativement une nuit.» 

Triplement de la capacité de stockage

Les capsules de Cowa peuvent accumuler jusqu’à trois fois plus de chaleur que l’eau. Un atout qui multiplie d’autant la capacité d’une cuve de stockage. Les maisons équipées d’une pompe à chaleur alimentée par une installation photovoltaïque utiliseront ce supplément de capacité pour emmagasiner le surplus d’électricité solaire sous forme d’énergie thermique pendant la journée, avant de s’en servir pour le chauffage la nuit venue. Le taux d’autosuffisance passera de 30 à 60 pour cent. 
Selon Remo Waser, la grande capacité de stockage des capsules offre un autre avantage bien pratique: pour les chauffages nécessitant un accumulateur de chaleur comme tampon, la cuve sera bien plus petite si on la remplit de capsules Cowa. «L’accumulateur se glissera ainsi plus facilement à la cave sans que l’on doive casser un mur parce que la porte est trop étroite, par exemple.» 

Mise sur le marché et lutte contre les changements climatiques

Remo Waser a fondé Cowa avec Simon Maranda et Jörg Worlitschek. Les deux premiers se connaissent depuis leurs études de mastère à la Haute école de Lucerne. Ils y ont mené des recherches sur les matériaux à changement de phase, dont font partie les sels contenus dans les capsules. Jörg Worlitschek enseigne à la haute école et co-dirige le centre de compétences Stockage thermique de l’énergie. Remo Waser et Simon Miranda ont étudié avec lui. Pendant leur travail de recherche commun, tous trois ont décidé de créer une entreprise afin de commercialiser un accumulateur de chaleur basé sur des matériaux à changement de phase. Remo Waser affirme que c’est la seule manière de donner un impact aux résultats de la recherche: «Difficile de faire connaître une idée sans la lancer sur le marché.» C’est important pour le trio, qui souhaite que sa technologie puisse contribuer à lutter contre les changements climatiques.

Des sels comestibles dans les capsules

Dès le début de l’aventure Cowa, ses fondateurs voulaient travailler avec des capsules. «Mais nous ne savions pas grand-chose sur l’encapsulation», avoue Remo Waser. Pour y remédier, ils ont mené beaucoup de recherches sur le terrain, par exemple en discutant avec différents fabricants de matériaux d’emballage et de contenants. Le choix d’utiliser des sels écologiques a aussi été un casse-tête lors du développement des capsules. «Nous y avons veillé scrupuleusement, pour que ce ne soit pas toxique», se souvient M. Waser. Les sels actuellement utilisés sont naturels – les mêmes servent d’exhausteurs de saveur pour les chips au vinaigre. «Ils sont comestibles», souligne le cofondateur.

Disponible dès la fin de l’année

La jeune pousse prévoit d’entrer sur le marché à la fin de l’année, en collaboration avec une entreprise suisse de technique du bâtiment. «Les installatrices et installateurs pourront alors lui commander des capsules Cowa et les recevront directement sur leurs chantiers», explique Remo Waser. Pour le moment, la production se met en place. Les fondateurs de Cowa espèrent qu’à long terme, plusieurs grandes firmes européennes intégreront leurs capsules dans leur assortiment, car plus ils pourront en vendre, plus l’impact positif sur le climat sera important. 
cowa-ts.com (site web en allemand)

Jörg Worlitschek, Remo ­Waser et Simon Maranda ont fondé l’entreprise Cowa. Elle met au point une tech­nologie qui triple la capacité de stockage des accumulateurs de chaleur traditionnels remplis d’eau (réservoirs tampons). Photo:màd

Un large financement, y compris par le Fonds d’innovation

Les atouts du système conçu par Cowa ont convaincu de nombreuses bailleresses et de nombreux bailleurs de fonds, qui soutiennent la jeune entreprise. Le Fonds d’innovation de la Banque Alternative Suisse en fait partie. Pour le jury qui sélectionne les projets, il est rapidement devenu clair que Cowa méritait un appui, comme le relève Roland Baumgartner, qui dirige le Fonds d’innovation: «Nous avons rapidement été convaincus que l’entreprise avait imaginé une solution réellement nouvelle dans le secteur des énergies renouvelables.» Le fonds a pris une participation de 75 000 francs dans Cowa.
Imprimer l'article